La Normandie littorale : du Mont-Saint-Michel au Tréport
Du Mont-Saint-Michel au Tréport, la Normandie s’ouvre sur la Manche par un large front de mer dont le dessin vigoureux s’oppose aux contours compliqués des côtes bretonnes : après la longue ligne presque droite du littoral occidental de la Manche, d’Avranches à Lessay, s’avance le bloc de la péninsule du Cotentin ; plus à l’est, l’arc très étiré des côtes du Calvados et la masse crayeuse des falaises cauchoises entourent le large estuaire de la Seine. La proximité de l’Angleterre et de Paris, l’importance de la Manche comme grande voie de circulation maritime, les bons sites d’abri offerts par le littoral, tout devait concorder pour que se développe sur les côtes normandes une importante activité maritime. A côte de la Normandie paysanne, s’affaire un peuple de marins que se retrouve aussi bien dans le souvenir des corsaires et des grands voiliers que dans le trafic des transatlantiques ou la dégustation de crevettes sur les quais des petits ports… C’est assez dire l’ancienneté et la variété de ces activités qui n’ont d’égale que la variété du littoral lui-même.
Les côtes de la Manche
Les côtes de la Manche présentent un profil régularisé sur la plus grande partie de leurs rivages. C’est particulièrement le cas entre le Mont-Saint-Michel et Carteret sur la côte ouest. Les reliefs de l’intérieur sont nettement séparés de la mer par de longs cordons littoraux que surmontent des dunes et que traversent péniblement des estuaires à demi-fermés où se dépose la tangue. La netteté du tracé littoral est probablement dû à un grand effondrement, perpendiculaire aux reliefs bocains, le long duquel s’est exercée l’action régularisatrice des courants. A cette côte des « mielles » (les dunes), s’oppose cependant en quelques endroits le profil vertical des falaises, lorsque la mer vient battre directement des reliefs vigoureux : les falaises de Carteret et de Diélette, mais surtout celles de la Hague, Finistère de la Normandie, taillées dans les grès et les granits, comptent parmi les plus hautes et les plus âpres.
Les côtes du Calvados
Les côtes du Calvados sont plus variées. Entre les marais des estuaires de la Seine, de la Dives, de l’Orne et de la baie des Veys, se dressent des falaises dont les profils reproduisent les particularités de la structure sédimentaire : moyennes falaises du Bessin, où généralement une couche de calcaire surmonte d’un raide escarpement les pentes plus douces et plus chaotiques dégagées dans des marnes ; petites falaises de la plaine de Caen qui disparaissent à l’est de Lion-sur-Mer derrière un cordon littoral ; « badlands » des « Vaches Noires », sur le front du pays d’Auge, surtout remarquables à Villers, où sous une mince corniche de craie l’argile sur une épaisseur de 80 mètres forme un chaos d’écoulements boueux.
Les côtes du pays de Caux
Les côtes du pays de Caux offrent le type accompli de grandes falaises vives, taillées dans la craie, mur vertical qui recule sous l’action combinée de la mer et des infiltrations, surtout lorsque sa base est rendue plus fragile par la présence de roches plus meubles ou plus plastiques (c’est notamment le cas au cap de la Hève, extrémité de la péninsule cauchoise). Ces falaises ne sont interrompues que par les multiples entailles de petites vallées suspendues, les « valleuses », et par quelques estuaires où se nichent les ports (Fécamp, Dieppe, le Tréport).